Foi et Société

« Nous valons mieux que tous les oiseaux du ciel », nous dit Jésus dans l'Évangile (Mat. 6 : 26). L'homme, tout être humain, a une valeur absolue, un prix incomparable. L'être humain est sacré, de sa conception à l'heure de sa mort.
Ce n'est pas seulement le combat multiforme pour les droits de l'homme qui en découle. C'est l'attention portée à chaque personne humaine. C'est le respect effectif de chacun. C'est la reconnaissance de ce qu'il y a d'unique, d'irremplaçable, d'irréductible en tout visage humain. Cela s'appelle la charité, un terme parfois dévalué ou concurrencé par d'autres, mais qui est aussi concrètement réhabilité par des croyants, lorsqu'ils vont à la rencontre des autres, et même de leurs adversaires, avec une liberté qui se moque des calculs mondains.

La foi en Dieu qui s'est fait homme, qui est né dans une crèche, qui est mort sur une croix, comme un maudit, implique une option absolue pour les exclus, les petits et pour les pauvres, pour tous ceux qui sont désarmés devant la vie.
Cette option inspire de multiples luttes, d'ordre politique, social, économique. Mais les croyants qui pratiquent ces luttes savent qu'elles ne se réduisent pas à un engagement seulement humanitaire. Elles expriment notre passion pour l'humanité, à la suite du Christ, lui qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

Le dernier mot de la Révélation de Dieu en Jésus Christ n'est pas seulement l'Amour. C'est l'Amour qui va jusqu'au pardon, qui, au plein coeur du mal et de la violence, veut et crée la réconciliation.
Beaucoup de croyants d'aujourd'hui savent que l'on ne peut plus, si jamais cela a été possible, proposer la foi en Dieu sans affronter la réalité du mal. Parce que cette réalité tend à devenir une réalité sauvage, que les idéologies n'expliquent plus et que les gnoses résolvent d'une manière trop facile, en inventant un Dieu mauvais ou des forces identifiables du mal.
Le mal est là, il détruit et il fascine. Il blesse et il brise des vies humaines, des corps, des consciences, des libertés.
Face au mal, ou plutôt en plein coeur du mal, se dresse la Croix de Jésus-Christ. La Croix, c'est-à-dire cette puissance de Dieu qui affronte le mal pour y opérer une création nouvelle, par la résurrection du Fils.
Alors s'ouvre le chemin de Pâques, mystérieux, caché, mais réel. Il est impossible d'oublier que ce chemin s'ouvre à chaque Eucharistie. Il est donc essentiel de rappeler que la proposition de la foi conduit à ces gestes extraordinairement simples par lesquels Dieu nous propose de façonner notre existence à l'image de celle du Fils : corps livré, sang versé, vie donnée.

La Foi chrétienne n'a plus à s'affirmer face aux prétentions d'une raison qui n'est plus conquérante, mais face aux séductions irrationnelles du paganisme moderne. On peut proposer la Foi chrétienne en faisant appel au dépassement du pressentiment du sacré et du divin que nous portons en nous.

retour au début de la page